jeudi 18 décembre 2014

Jeudi noir - Michaël Mention

Le plus important au football est de gagner, peu importe la manière...

"Jeudi noir" de Michaël Mention retrace la demi-finale de coupe du monde 1982, entre la France et la RFA. De ce match mythique, l'auteur en sort un roman noir dans lequel nombreux sentiments surgissent.

08 juillet 1982, stade Ramon Sanchez Pizjuan, Séville.

Il est 21 heures, le coup d'envoi ne va pas tarder, les hymnes nationaux retentissent. Sur le terrain, vingt-deux hommes vont se livrer une bataille, une lutte sans merci pour décrocher une place en finale de la coupe du monde. D'un côté, la RFA, championne d'Europe en titre et déjà deux fois championne du monde, en 1954 et en 1974. De l'autre côté la France, sans palmarès. Son plus gros fait d'arme est une demi-finale de coupe du monde en 1958, presqu'un accident. Il va sans dire que les Allemands sont les grands favoris de ce match...

Le onze allemand est une sorte de rouleau compresseur à l'état brut, sa force est son physique. Dans ses rangs, on retrouve plusieurs talents dont la renommée n'est plus à faire : Fischer, Littbarski, Förster, Breitner... Devant leur route se dresse un onze français, une génération dorée, capable du pire comme du meilleur. Son jeu est la finesse et la technique. Son point fort, un milieu de terrain emmené par Platini, Giresse, Tigana et Genghini.

Et c'est dans une chaleur étouffante que Mr Corver, l'arbitre hollandais siffle le coup d'envoi. L'engagement est donné, l'histoire est en route...

Ecrire sur une compétition de football sort de l'ordinaire. Au premier abord, ce livre peut être repoussant pour les non-initiés de ce sport, et ils auraient tort de s'en passer surtout si ils aiment le roman noir. Michaël Mention, comme à son habitude, va au-delà des frontières du match et du football. En partant d'un fait réel il brosse autour de celui-ci un climat social, politique et historique.

A travers cette rencontre ce sont l'espoir, la violence, l'injustice, la haine, la vengeance, le racisme et la désillusion qui occupent les premiers rôles. Ces émotions nous sont contées par un douzième homme de l'équipe de France, en direct du terrain. Des hymnes nationaux à la séance des tirs aux buts fatidiques, c'est une tension évolutive qui gagne le lecteur, car dans ce match s'est produit tout ce que le football, et par métaphore la vie, peut nous réserver de meilleur comme de pire. Et même si nous connaissons la fin, le suspens est bel et bien présent.

Juxtaposer un événement sportif avec le contexte politique et/ou social du moment est très juste. Nombre de manifestations sportives possèdent ce lien, mais le football par sa popularité est peut être l'exemple le plus criant. Cette demi-finale de coupe du monde est à découvrir ou redécouvrir, à la fin, vous n'aurez qu'une seule envie, celle de revoir les images pour les coller au texte !
YB.
 
Du même auteur : Sale temps pour le pays (voir ici) & Adieu demain (voir ici).
 
Quatrième de couverture :


8 juillet 1982, Séville. Coupe du monde de football, demi-finale France-R.F.A. L’ambition contre l’expérience. L’espoir porté par Mitterrand contre le fatalisme du mur de Berlin. Et pour les deux équipes, une même obsession : gagner sa place en finale. Face aux puissants Allemands, Platini, Rocheteau, Giresse…une équipe de France redoutable. Mais le pire s’invite : les coups pleuvent, le sport devient guerre, et la mort arbitre.

Pour la première fois, le match mythique vécu en direct, sur le terrain. Une expérience radicale, entre exaltation et violence.



Jeudi noir, Ombres noires, novembre 2014.

1 commentaire:

  1. Belle idée que de vivre un match du point de vue d'un joueur sur le terrain, malgré tout difficile de trouver un autre match où il serait possible de faire la même chose tant sa construction dramatique, son contexte et ses rebondissements sont uniques. Choisir ce match c'est tout autant choisir la facilité d'un matériau idéal mais avec le devoir de ne pas se rater dans son écriture, de na pas gâcher la matière. J'ai trouvé la dénonciation du racisme en équipe de France un peu trop appuyée, surtout lorsqu'elle vient d'un des joueurs de l'équipe, difficile d'extrapoler les débats de société "sur le terrain" (alors que "dans le stade", c'est faisable et plus légitime). Un bon moment, malgré le résultat final. Et 30 ans après, Schumacher est toujours un salaud, même vu du terrain!

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