mercredi 24 septembre 2014

Sale temps pour le pays - Michaël Mention

"...dans cette putain d'humanité, les assassins sont tous des frères, pas une femme pour rivaliser..."
Miss Maggie, Renaud.

"Sale temps pour le pays" est un roman noir de Michaël Mention. L'auteur revisite l'une des plus grandes affaires criminelles du Royaume-Uni, celle de l'Eventreur du Yorkshire.

21 janvier 1976, Emily Oldson est retrouvée assassinée. Cette mère de famille, mariée, sans profession et prostituée occasionnelle, a été tuée à coups de marteau, de tournevis et a reçu plusieurs lacérations sur le corps. Ce meurtre renvoie à celui de Wilma McCrane, une autre prostituée, victime du même mode opératoire. Pour élucider ces crimes, le superintendant Walter Bellamy va faire appel à George Knox, l'un des meilleurs flics de la criminelle aux états de service élogieux.
Mais l'enquête piétine, et le 6 février 1977 une nouvelle victime est découverte, Irene Richards. Deux mois plus tard, c'est le corps de Tina Wilson qui est retrouvée dans son appartement. L'année 77 ne fait que débuter...

En octobre de la même année, sur ordre du ministre Armstrong, est créé le R.I.O, Ripper Investigation Office. Outre George Knox, ce bureau est composé de l'inspecteur Orlando Caine et du détective Mark Burstyn. A l'automne, on compte déjà six meurtres et une tentative d'homicide sur la personne de Maureen Ayers. Cette affaire est devenue l'une des préoccupations du gouvernement travailliste. Une de plus, dans un pays en crise et ravagé socialement.
La psychose gagne le Yorkshire, la police emploie les grands moyens : des milliers de suspects sont interrogés, chaque indice est épluché au millimètre, un portrait-robot est diffusé, puis un couvre-feu est mis en place... et malgré tout cela, "l'Eventreur" court toujours, il récidivera en février 1978...

C'est au cœur de l'enquête que nous découvrons cette sale histoire. A travers une chronologie de petits chapitres, nous suivons son évolution. Une enquête parasitée par un grand nombre de fausses pistes et qui restera quasiment au point mort. A l'image d'une Angleterre en mutation, les enquêteurs vont tous y laisser des plumes, à commencer par George Knox....
Michael Mention nous délivre un roman noir et à la fois historique. En filigrane, il nous décrit le décor social et politique de l'Angleterre à la fin des seventies : un temps abattu par la crise et ensuite enterré par la "dame de fer". L'écriture est sans longueur et captivante, son rythme englobe rapidement ces sales années pour le pays, un sujet que l'auteur semble maîtriser.
YB.
   
A noter : Peter Sutcliffe, l'Eventreur du Yorkshire, a commis treize meurtres de femmes entre 1975 et 1980. Cette barbarie a fait de lui l'un des pires tueurs en série. Condamné en 1981 à la prison à vie, il fut interné en psychiatrie trois années plus tard, suite à une dégradation de son état mental. Depuis le début de son incarcération il a subi plusieurs agressions de codétenus, dont l'une lui a fait perdre un oeil, crevé par un stylo. En 2010, il a formulé une demande de liberté conditionnelle, rejetée par la Haute Cour de Londres, qui l'a définitivement condamné à la perpétuité.

Du même auteur : Adieu demain (voir ici) & Jeudi noir (voir ici)
   
Quatrième de couverture :

Grand Prix du roman noir français 2013

1976. Des femmes, pour la plupart des prostitués, sont agressées ou tuées dans le nord de l'Angleterre. La police locale est sur les dents. Un homme dirige l'enquête : George Knox, avec "sa gueule à la Richard Burton", ses éternelles Rayban, ses états de service légendaire. Secondé par le détective Mark Burstyn, il se lance à corps perdu dans cette affaire, convaincu que tous les crimes sont liés. Mais le tueur récidive et semble brouiller les pistes à plaisir. Plus le temps passe, plus Knox s'enfonce dans l'abîme. Un abîme à l'image du chaos social et de la dépression qui gagne le pays...

Fasciné par les possibilités romanesques de l'Affaire de l'éventreur du Yorkshire, Michaël Mention la revisite en passionné de la culture des seventies, entre hommage au roman noir et portrait d'une Angleterre déboussolée, à un moment charnière de son histoire.

Sale temps pour le pays, Editions Payot & Rivages, septembre 2012.

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