vendredi 3 octobre 2014

Triple crossing - Sebastian Rotella

Triple frontière : siège de l'O.M.U, Organisation des Mafias Unis, et autres affiliés...

"Triple crossing" est le premier roman de Sebastian Rotella. Il nous mène en Amérique du sud, au cœur de la mondialisation, celle du crime et de la corruption.

Chez les agents de la Frontalière, il y a un bon nombre de crapules, mais l'un d'entre eux se démarque plus que les autres, c'est Alreigh Garrison. Ce sale type, chef de patrouille, s'amuse à un petit jeu durant ses nuits de surveillance de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Il entrepose des clandestins dans une voiture, essayant de battre des records de remplissage. Mais une nuit, le divertissement est écourté par un Mexicain, Pulpo. Ce dernier profite d'une brouille entre agents pour délivrer les passagers illégaux. Dans la cohue, Valentin Pescatore, un agent, va partir à la poursuite du libérateur et le pourchasser jusqu'à chez lui, à Tijuana. Pour Valentin, une intrusion de ce genre au Mexique peut lui valoir d'innombrables ennuis, et elle ne passera pas inaperçue...

Isabel Puente, du bureau de l'inspection générale, va mettre son grappin sur Pescatore. Ce dernier, interrogé sur son escapade chez Pulpo, va tout nier en bloc malgré l'évidence des faits. Il faut dire que la sanction peut être lourde, entre incident diplomatique et ultra médiatisation, il pourrait finir en taule, ou pire, être extradé au Mexique. Mais Puente va lui faire une proposition contre l'abandon de toute poursuite judiciaire : faire tomber Alreigh Garrison, soupçonné de corruption. Elle souhaite obtenir des preuves en faisant de Pescatore un informateur. Le dos au mur, celui-ci ne peut qu'accepter, d'autant plus qu'il n'a pas une réelle admiration pour son chef...

Bientôt, Pescatore va prendre la route du Mexique, embarqué dans une cavale et en planque chez la "patrouille de la mort", les pires narcos de Tijuana. Puis il va atterir à la triple frontière, au Paraguay, où les truands tiennent le pavé et vivent dans une sorte d'autarcie très inquiétante, dépourvue de toute autorité étatique. Face à ce monde, nous avons quelques irréductibles justiciers qui essaient de combattre le crime, mais contre eux, il n'y a pas que les trafiquants. Ils trouvent sur leur chemin des policiers et des politiques corrompus qui freinent le périmètre de leurs actions. Et dans tout cela, Pescatore a perdu le contact avec Puente, il devient, par obligation, un homme de main de la "patrouille de la mort"...

Sebastian Rotella, grand reporter de métier, nous livre un roman passionnant, proche de la réalité et du terrain. L'immigration et le crime organisé sont les sujets principaux de cette fiction. Des thèmes qui sont la spécialité du reporter, et qui l'ont amené, en 2006, jusqu'à la finale du prix Pulitzer pour ses reportages. Il nous décrit l'étendue de la criminalité internationale et de la corruption. Une étendue qui donne des sueurs froides, tant par le mélange des genres liés (narcos, terroristes, hommes politiques, policiers...), que par l'impossibilité d'endiguer cette contagion, qui semble gagner du terrain chaque jour. Entre la dénonciation et la fiction, ce premier roman de Sebastian Rotella est sans conteste une réussite.
YB.

Du même auteur : Le chant du converti (voir ici).

Quatrième de couverture :

Chaque nuit, sur la ligne entre le Mexique et les États-Unis, une foule de migrants tentent leur chance. Et chaque nuit, les agents de patrouille frontalière américaine sont là pour les refouler. Certains, sans scrupules, profitent de la faiblesse des clandestins et donnent libre cours à leurs penchants sadiques. D’autres, comme Valentin Pescatore, essaient de s’en tenir aux règles. Cela ne l’empêche pas de commettre une entorse qui pourrait lui valoir une sanction sévère, à moins de collaborer… Mais avec qui, au juste ? C’est bien les Américains qui lui demandent d’infiltrer une famille de narcos de Tijuana, mais qui peut garantir que son inexpérience ne va pas l’entraîner du côté de la corruption, de la drogue et de l’argent facile ? En tout cas, c’est ce que redoute Leo Méndez, flic mexicain aux allures de justicier… 

Sebastian Rotella nous conduit vers de troubles frontières dans un thriller saisissant sur la mondialisation du crime.

Traduit de l'anglais par Anne Guitton

Triple crossing, Editions 10/18, septembre 2013. (Poche).

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