vendredi 15 juillet 2016

Rural noir - Benoît Minville

Que diriez-vous d'un "country noir frenchie" au pied du Morvan ?

"Rural noir" est un roman de Benoît Minville qui nous plonge au cœur de la Bourgogne, une campagne française qu'il décortique avec précision.

Il n'y a pas que les grandes villes qui ont leurs lots de violence, le terroir peut lui aussi se transformer en zone de non-droit, surtout quand un de ses fils est retrouvé à moitié mort, passé à tabac. Par qui ? C'est la question que se posent les gendarmes. Mais pour les amis de la victime il n'y a presque aucun doute sur les commanditaires de ce lynchage. Pourquoi ? Car Vlad faisait dans le trafic de drogue, les regards se tournent donc vers d'autres dealers. Pour les deux frères, Romain et Christophe, il n'y a plus qu'une chose à faire : venger Vlad ! La fratrie va partir dans une forme de guerre pour démasquer les auteurs, prenant des risques insensés, et voulant par la même occasion nettoyer leur campagne, fraîchement gangrenée par l'argent sale.

Pour comprendre la raison de cette vengeance, il faut revenir dans le passé. Lors d'un été, Romain, Christophe, Vlad et Julie, alors jeunes et inséparables, voguaient toujours ensemble à travers les champs et les sentiers de leur campagne. Jusqu'au jour où a débarqué un certain Cédric, venu d'Auxerre. Ce dernier a tissé un fort lien avec Vlad égratignant l'unité de la bande, et allant jusqu'à monter un important business de drogue. Il faut dire qu'avec le caractère bien trempé des deux hommes, il n'est pas surprenant de les retrouver en tant que caïds quelques années plus tard. Cette osmose, mêlée à d'autres drames, va peu à peu séparer Vlad du reste de la bande, qui accuse Cédric d'avoir une mauvaise influence sur leur ami. C'est donc d'abord vers lui que les deux frères vont se tourner.

L'histoire se tisse entre présent et passé, au cœur d'un monde rural écrasé par la crise économique et qui a perdu son charme d'antan. Romain, de retour après un exil de dix années, découvre une campagne changée, tout comme son frère, passé entre les mains de l'armée où il a combattu contre le terrorisme. Différents sentiments transpercent les pages, l'amitié, l'amour, et la fraternité en sont les vecteurs, soutenus par la vengeance. Le roman baigne dans la nostalgie, tel le cri passionnel d'un monde perdu. L'insouciance de l'enfance s'efface au fil des pages, laissant place à la dureté de la vie d'adulte qui explose en pleine face de ses héros. Le tout au milieu d'une campagne que l'auteur décrit avec une certaine adoration, la sublimant par ses paysages, et la rendant vivante par ses personnages et leurs mœurs. Rural noir est une bonne lecture, peut-être un chouia trop douce, nous laissant un peu sur notre faim pour le côté western que nous apercevons trop furtivement. Alors c'est de pied ferme que nous attendons le prochain livre de Benoit Minville, pour confirmation de son talent, et espérant cette fois un Rural Totalement Noir !
YB.

Quatrième de couverture :

Ados, Romain, Vlad, Julie et Christophe étaient inséparables, ils foulaient leur cambrousse dans l'insouciance.
Tout a changé cet été-là. Un drame, la fin de l'innocence. 
Après dix ans d'absence, Romain revient dans sa Nièvre désertée, chamboulée par la crise, et découvre les différents chemins empruntés par ses amis. 
Oscillant entre souvenirs de jeunesse tendres ou douloureux et plongée nerveuse dans une réalité sombre, Rural noir est la peinture d'une certaine campagne française. Un roman noir à la fois cruel et violent, mais aussi tendre et lumineux ; évoquant la culpabilité, l'amitié et la famille. 
Dans la tradition du country noir américain, territoires ruraux et laissés-pour-compte côtoient ceux dont on parle peu au milieu d'une nature «préservée» – ou en friche.         

Rural noir, Editions Gallimard, février 2016.

jeudi 2 juin 2016

Demandez au perroquet - Richard Stark

Que feriez-vous si des braqueurs étaient en fuite près de chez vous ?

"Demandez au perroquet" est le vingt-troisième "coup" de Parker, l'un des braqueurs le plus doué de sa génération, créé par Richard Stark. C'est aussi la suite d'A bout de course, roman dans lequel Parker et deux de ses collègues échouent dans un braquage.

Quand il apprend que des braqueurs sont en fuite près de chez lui, Martin Lindahl n'a aucune hésitation : armé de son fusil, il gravit une colline et part à la rencontre des fuyards. C'est ainsi qu'il tombe nez à nez avec Parker. Mais savez-vous ce que Martin a derrière la tête ? Se servir de l'expérience d'un braqueur parce qu'il compte se venger de son ancien employeur qui lui a joué un sale tour. Sans jeu de mots, cela fait un petit bout de temps que Martin souhaite lui rendre la monnaie de sa pièce, et Parker va devenir, en quelque sorte, son messie. C'est ainsi, qu'un des hommes les plus recherchés du pays va pouvoir concocter incognito un nouveau hold-up servi sur un plateau. Et ironie du sort, il va même avoir le privilège de participer à sa propre traque !

Mais bon, il est difficile de ne pas éveiller des soupçons dans l'entourage de Martin, vieil ermite,coupé de tout lien social, qui s'affiche du jour au lendemain avec un ancien collègue qui se fait appeler Ed Smith. Ils ne sont pas nombreux à être intrigués, mais cela suffit à mettre une certaine pression sur le duo insolite. Il y a Fred Thiemann, compagnon de chasse de Martin, qui va faire une connerie irrémédiable que Parker va devoir camoufler. Quelle connerie ? Il va tout simplement buter un pauvre type lors de la chasse à l'homme organisée par les autorités pour retrouver les gangsters en fuite. Et puis il y a deux frangins, des petites frappes, qui ont découvert le poteau rose et compte bien doubler Parker et Martin sur leur coup. Seulement voilà, ils ne savent pas encore à qui ils se mesurent...

Rien ne peut arrêter Parker, ni le perturber, même quand son portrait-robot lui est donné en main propre par des policiers, il sait garder son sang-froid puis se mêler à une population qui lui est hostile et qui n'hésiterait pas à le descendre si elle connaissait sa réelle identité. Glacial, sans compassion, on pourrait penser qu'il fait preuve de générosité en acceptant d'aider Martin à dépouiller son ancien patron. Il souhaite surtout se refaire après un coup raté. En fait, il est un pur prototype de ce que peut provoquer le capitalisme : un égoïste, sans cœur, guidé par le gain, capable de tuer pour arriver à ses fins mais qui n'est pas forcément plus mal honnête que les gens qu'il vole. Richard Stark a conçu un personnage atypique, une série devenue un classique du polar, où en filigrane il critique et se moque de la société américaine. Il a rendu sympathique un héros antipathique, et c'est ça qui fait le charme de cette série.
YB.

Quatrième de couverture :

Un homme court à travers la campagne pour échapper aux chiens qui ont flairé sa piste et à l'hélicoptère qui tourne dans le ciel. Le fuyard  s'appelle Parker, il vient de braquer une banque. Au sommet d'une colline, il tombe sur un inconnu en tenue de chasseur qui le fait monter dans sa voiture et l'emmène chez lui par des chemins forestiers, échappant ainsi aux barrages de la police.
Lindahl - c'est le nom du chasseur - vit dans un garage converti en habitation. L'intérieur est sommairement  meublé. Sur le poste de télévision allumé en permanence, trône une grande cage abritant un perroquet.
Lindhal est un homme en colère et il voit en Parker l'occasion d'assouvir une vengeance. La présence de Parker va bouleverser sa vie à un point qu'il n'imaginait pas.

Traduit de l’anglais par Marie-Caroline Aubert

"Qu'est-ce qui peut expliquer que ces romans soient si plaisants à lire (ou à relire) ? Au final, c'est Parker. Même quand on sait ce qu'il va faire, c'est tout simplement fascinant de le regarder faire." (Lawrence Block)

"Les romans consacrés à Parker, le professionnel du crime, sont à mon avis des chefs-d'oeuvre qui transcendent la fiction policière pour la hisser au rang de littérature." (John Banville)

Demandez au perroquet, Editions Payot & Rivages, février 2012.

mercredi 18 mai 2016

911 - Shanon Burke

Nine, one, one is a joke!

"911" est un roman noir de Shanon Burke, qui nous plonge au sein d'une équipe d'ambulanciers officiant à New-York, au cœur d'Harlem, le pire quartier de la ville.

Ollie Cross est un jeune étudiant qui prépare son concours d'entrée en médecine, mais pour l'heure, il a intégré une équipe du 911, et vient de mettre les deux pieds dans le plat de la tragédie humaine. En quelques semaines il va se métamorphoser, la faute à un monde difficile, voire impossible, à appréhender. Son quotidien sera de côtoyer les pires violences : suicide, assassinat, maltraitance, toxicomanie, détresse sociale... Sans compter sur la population d'Harlem, hostile au 911, accusant les ambulanciers de ne pas en faire assez pour sauver leurs vies. Souvent, ils se retrouvent menacés dans des situations où leur intégrité physique se trouve mise en jeu. Cette atmosphère, pesante et sinistre, va plonger Ollie dans une forme d'inimitié.

Il fait équipe avec Rutkovsky, un ambulancier chevronné, au passé militaire. Dans le métier depuis vingt ans, il a atteint une expérience qui l'aide à garder son sang-froid dans les pires situations, et surtout, à mettre ses émotions de côté. Il impressionne et étonne Ollie par sa maîtrise et son engagement à chaque intervention. Rutkosky est un personnage singulier, peu bavard, il ne s'étend jamais sur sa vie personnelle. Cet homme, à l'apparence solide, s'est construit une carapace que nul ne semble pouvoir briser. Glacial, sa plus grande fierté est d'avoir reçu une barrette de combat pour la mort d'un ennemi. Mais malgré toute cette solidité affirmée, une intervention, que nous pouvons qualifier de trop, viendra chambouler ce roc.

Dans ce métier, il y a une limite à ne pas dépasser, celle des années. Car vivre au quotidien des situations extrêmes peuvent vous entraîner dans une spirale négative, et vous amener à commettre l'irréparable. Même les plus grands cœurs finissent par exploser, comme Verdis prêt à étrangler un type qui lui a braqué une arme sur la tempe. Il faut dire qu'à Harlem les interventions se suivent et se ressemblent par l'horreur. Par exemple, que penseriez-vous d'une femme coupant le cordon ombilical de son enfant à l'aide de sa pipe à crack ? C'est entre autres, ce type d'urgence que doit relever le 911. Quand ce n'est pas le corps d'un adolescent à relever, la boite crânienne arrachée par une balle !

Sortirez-vous indemne de ces ruelles ? Tiendrez-vous le choc face un déballage brut et sans concession de la misère humaine ? Sans retenue, Shannon Burke fait défiler le quotidien des urgentistes. Le rythme est soutenu, sans chapitre, donnant la sensation d'une cadence effrénée vécue par les "héros" de cette histoire. Dès la première page un ton sombre et destructeur est donné et nous accompagne tout au long du récit. Ce roman noir n'est pas qu'un simple livre, il est le reflet d'une condition humaine, amère et désœuvrée, un constat qui ne peut laisser indifférent, surtout que l'auteur à lui-même été ambulancier à New-York. Si vous avez manqué la sortie en grand format, ne ratez pas le petit modèle, car ce livre est à lire.
YB.

Quatrième de couverture :


Lorsqu'il devient ambulancier dans l'un des quartiers les plus difficiles de New York, Ollie Cross est loin d'imaginer qu'il vient d'entrer dans un monde d'horreur et de folie. Scènes de crime, violences et détresses, le combat est permanent, l'enfer quotidien. Alors que tous ses collègues semblent résignés ou cyniques face à cette misère omniprésente, Ollie commet une erreur fatale : succomber à l'empathie. C'est le début d'une spirale infernale qui le conduira à un geste aux conséquences tragiques.

Dans un style viscéral, Shannon Burke livre un portrait de la condition humaine digne d'Hubert Selby Jr. ou de Richard Price.


Traduit de l'anglais par Diniz Galhos

911, Editions 10/18, janvier 2016

lundi 25 avril 2016

Dernier appel pour les vivants - Peter Farris

Cric, boum, bang sur la Fraternité aryenne !

"Dernier appel pour les vivants" est un roman noir de Peter Farris. Chanteur dans un groupe de rock, son écriture développe tout le caractère de cette musique.

Charlie Colquit, étudiant, vit seul avec sa mère et occupe un poste de guichetier dans une banque à Jubilation County, en Géorgie. Ce matin-là, il prépare tranquillement son guichet en compagnie de sa responsable, Niesha Livingston, quand un homme surgit dans la banque, toujours fermée au public. Il pointe un fusil en direction de Charlie qui se lève lentement de son tabouret, puis met en joue Niesha qui tente de glisser une main sous le comptoir, l'homme la descend aussi sec après un bref avertissement. Charlie, les mains en l'air, le pantalon souillé, n'a plus qu'à suivre les ordres du braqueur : ouvrir un coffre, et l'aider à charger les billets à l'arrière d'une berline stationnée devant la banque. Tout aurait pu et tout aurait dû s'arrêter là pour Charlie, sauf que le braqueur lui ordonne de monter dans sa voiture, et le kidnappe !

Hobe Hicklin sait que c'est une connerie d'embarquer un otage, qu'il aurait mieux fait de le descendre, au lieu de l'amener à sa planque. Pour Charlie aussi cela aurait été préférable, car pour lui c'est un petit enfer qui débute. Séquestré, il va devenir un souffre-douleur, coincé entre un Hicklin violent, plein de haine et d'alcool, et une  fumeuse de crack répondant au nom de Hummingbird. Charlie va en perdre sa dignité, puis, par une circonstance atténuante, c'est le syndrome de Stockholm qui va finir par prendre le dessus. Alors que les flics ratissent le territoire pour mettre la main sur Hicklin, un duo de la Fratrie aryenne est aussi à la recherche de ce dernier. Il faut dire qu'il vient de les doubler sur le braquage et cela a tendance à les mettre en rogne. Dans cette expédition punitive qui se prépare, la seule personne sur qui pourra compter Hicklin sera Charlie ! Ce dernier, au cours de cette sale aventure, va se trouver en pleine mutation, tel un poussin devenant un pitbull.

C'est du Gallmeister, et on aurait tendance à dire que c'est forcément du bon noir, et c'est le cas. Nous pouvons nous fournir chez eux les yeux fermés, sans lire la quatrième de couverture, sachant pertinemment que nous serons captivés par l'histoire. Même si, Dernier appel pour les vivants, n'est pas dans le top de la collection Néo Noir, cela reste sanguin, nerveux, complètement déglingué et violent. Avec toujours cette Amérique profonde, loin de l'image que renvoie le pays à travers le monde. Les personnages de ce roman n'ont rien d'ordinaire, nous y trouvons des ordures de la Fraternité aryenne, un shérif paumé, alcoolique, abandonné de sa famille, des illuminés de Dieu adorateurs de crotales, un Charlie introverti, couvé par une mère au profil "cas social", seule l'Agent spéciale Sallie Crews fait bonne figure au milieu de ce petit monde, où la défonce à l'alcool, aux meth' et au crack, occupe une place proéminente. Le tout mixé ensemble en fait un cocktail explosif !
YB.

Quatrième de couverture :

Pour Charlie, ce ne devait être rien d’autre qu’une banale journée de travail à la banque. Pour Hicklin, ce ne devait être qu’un casse de plus. Histoire de se refaire un peu à sa sortie de prison. Pour sa petite amie accro au crack, peu importe, puisque de toute façon rien ne se passe jamais comme prévu. Surtout si, dès le départ, on tente de doubler ses partenaires de la Fraternité aryenne. Et puis pourquoi prendre le jeune guichetier en otage ? Maintenant, combien de temps faudra-t-il aux flics et aux membres du gang pour les retrouver ?

Traduit de l'anglais par Anatole Pons.

Né en 1979, Peter Farris vit aujourd’hui dans le comté de Cherokee en Géorgie. Après sa licence, la musique prit beaucoup de place dans sa vie, pour le meilleur ou pour le pire. Plutôt que de poursuivre ses études ou de tenter de faire carrière, il est devenu chanteur dans un groupe de rock bruyant du Connecticut appelé CABLE. Le groupe fit autant de concerts et d’enregistrements que possible, et se produisit principalement dans le nord-est des États-Unis. Leur album, disque-concept intitulé The Failed Convict, partage avec Dernier Appel pour les vivants une certaine synergie créatrice, au point que des paroles de certaines chansons ont été placées en épigraphe dans le livre. À bien des égards, l’album est le pendant musical du livre.

En parallèle de ses activités musicales, Peter Farris gagnait sa vie comme guichetier dans une banque de New Heaven, dans le Connecticut. Il y a travaillé quelques semaines avant que la banque ne soit cambriolée. Même si le braqueur était armé, il ne sortit jamais son pistolet. Inutile de dire que cet événement a profondément marqué Peter Farris, et quand il se mit sérieusement à écrire, il savait qu’une scène de braquage interviendrait dans son roman.

Dernier appel pour les vivants, Editions Gallmeister, octobre 2015.

jeudi 14 avril 2016

Les fauves - Ingrid Desjours

"Torturez-la ! Violez-la ! Tuez-la !", la messe est dite !

"Les fauves" est un roman surfant sur l'actualité brûlante du terrorisme et de l'Etat Islamique. Ingrid Desjours, ancienne profileuse, développe un récit où la psychologie des personnages est passée au peigne fin.

Nadia Nasri se rendait à son cours de zumba lorsque des rafales de balles vinrent lui ôter la vie en plein Paris. Cet assassinat ne laisse planer aucun doute sur son origine : la jeune femme était la cible d'une fatwa suite à son engagement au sein d'une ONG, appelée N.e.r.F (Nos enfants resteront en France), dirigée par sa meilleure amie Haïko Homoreanu, dont le but est d'empêcher des jeunes Français de rejoindre le Djihad en Syrie. 

Par crainte que sa fille subisse le même sort que Nadia, la mère d'Haïko, une journaliste de renom, décide d'engager Lars, un garde du corps et ancien légionnaire qui a combattu en Afghanistan. Malgré la mort de son amie, et la menace qui pèse sur ses épaules, Haïko est réticente à l'idée d'avoir une protection rapprochée. Dès les premiers instants, elle se montre froide envers Lars, ne respecte pas les consignes de sécurité et s'expose au danger, ce qui finira par soulever certaines interrogations sur son compte.

D'ailleurs, elle ne va pas tarder à se retrouver au cœur d'un tourbillon médiatique. En cause, son ONG, pour laquelle subsiste des doutes sur ses intentions réelles, car après avoir enlevé les adolescents propices au Djihad, ils sont envoyés à l'étranger et les familles demeurent sans nouvelles. Une rumeur enfle, accusant Haïko de les remettre entre les mains d'un proxénète. De ce fait, outre la fatwa qui la menace, elle se trouve de nouveaux ennemis. Parallèlement, la police souhaite lever des zones d'ombres sur la mort de Nadia, et Haïko semble avoir des choses à cacher.

Mais dans cette histoire elle n'est pas la seule à avoir une face cachée. Lars, son garde du corps, a lui aussi des secrets issus de son séjour en Afghanistan. Le jeune homme en garde un traumatisme qu'il essaie d'oublier par des cachets et une sombre activité, il peut s'avérer d'une extrême violence ! Et puis il y a Jonas, qui fait équipe avec Lars et qui dégage quelque chose de mystique le rendant très intriguant.

La tension ne retombe jamais. Chaque personnage possède son lot de mystères et Ingrid Desjours puise au plus profond de leurs psychologies. Elle dénonce le syndrome post-traumatique de guerre, l'intégrisme religieux, aussi bien islamique que catholique, et aborde le thème de la manipulation. Très actuelle, la trame de l'histoire peut-être facilement "casse-gueule" et enclin aux clichés, mais l'auteure s'en sort bien en évitant de cibler un seul ennemi. Pour ceux qui aiment les thrillers psychologiques l'accroche peut se faire, mais pour les autres, cela pourrait paraître légèrement trop long et amener une certaine lassitude.
YB.

Quatrième de couverture :

Votre pire prédateur : Celui qui vous aura apprivoisé. " Torturez-la ! Violez-la ! Tuez-la ! " À la tête d'une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l'État islamique, l'ambitieuse Haiko est devenue la cible d'une terrible fatwa. Lorsqu'elle engage Lars comme garde du corps, le militaire tout juste revenu d'Afghanistan a un mauvais pressentiment. Sa cliente lui a-t-elle dit l'entière vérité sur ses activités ? Serait-ce la mission de trop pour cet ancien otage des talibans ? Dans cet univers où règnent paranoïa et faux-semblants, Haiko et Lars se fascinent et se défient tels deux fauves prêts à se sauter à la gorge, sans jamais baisser leur garde. 

" L'ex-profileuse est passée maître dans la manipulation de sa proie : le cerveau du lecteur " Julie Malaure, Le Point. 

" La faculté stupéfiante d'Ingrid Desjours à dépeindre les émotions humaines fait mouche à chaque fois " Marie Rogatien, Le Figaro Magazine.

Les fauves, Editions Robert Laffont, octobre 2015.