dimanche 9 février 2014

Les chiens de Belfast - Sam Millar

Desproges disait : "Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien". Mais connaissait-il des chiens sauvages ?

"Les chiens de Belfast" est le premier volet d’une trilogie policière qui se déroule en Irlande du Nord. Sam Millar nous présente un nouveau détective : Karl Kane. Ecrivain raté à ses heures perdues, il aime boire, possède un humour particulier et s’est fait larguer par sa femme mais, et c’est le plus important, il est le meilleur détective privé de Belfast.

Quand Naomi, secrétaire et petite amie de Karl Kane, débarque dans son burlingue sans prévenir, ce dernier est en mauvaise posture : Il vient à peine de remonter son pantalon !
Crise hémorroïdaire oblige, il doit se passer de la pommade de temps à autres....  
Elle lui annonce qu'un certain Mr Munday (et non Monday) vient d'arriver et qu'il souhaite le rencontrer immédiatement. Celui-ci va alors louer les services du détective pour une belle somme d'argent, une aubaine pour Karl en proie à des difficultés financières, d'autant plus que l'affaire s'annonce simple : transmettre des informations sur un homme... retrouvé mort !  

Pour Karl il suffit de se rendre chez ses amis les poulets, et notamment un certain Wilson, frère de son ex-femme, avec qui il s'entend à "merveille" ! 
Une fois les infos en poche il ne lui reste plus qu'à aller voir son ami Chris Brown, une saloperie aux yeux du monde, puis la femme de la victime et la boucle est bouclée : affaire résolue.
Mais Mr Munday n'en reste pas là et fait de nouveau appel aux services du détective. Cette fois l'enquête est différente : l'homme souhaite une liste de prostituées car l'une d'elles serait impliquée dans un meurtre récent, celui d'un certain Joseph Kerr.

Contre l'avis de Naomi, Karl accepte le marché. Il faut bien avouer que la somme proposée est toujours juteuse, et puis, si ce n'est pas lui qui s'en charge, Mr Munday proposera le travail à un autre privé, alors pourquoi s'en priver ?
Mais cette fois Karl aurait mieux fait d'écouter Naomi, car les emmerdes vont débuter, et quelles foutues emmerdes !

Sam Millar est un jongleur. Il nous emmène dans l’univers d’écorchés vifs en nous baladant entre le passé et le présent. Habillement il noie le poisson pour mieux le faire rebondir à la surface successivement.
L’écriture est crue sous certains aspects, effroyable dans certaines scènes (surtout le prologue), ironique et noire à d’autres moments, bourrée de jeux de mots et de références à la fiction policière, enfin le tout est couronné par de sublimes dialogues.
Quelques gouttes de thriller dans beaucoup de polar et vous obtenez le début d’une trilogie très prometteuse. Vivement la suite !
YB.

Quatrième de couverture :

Il s'en passe de belles, à Belfast cet hiver là... 
Deux mains gauches sont découvertes dans les entrailles d'un sanglier abattu à la chasse. Vingt ans plus tôt, c'étaient des chiens sauvages échappés du zoo qui déchiquetaient les corps...
Et il ne fait pas bon s'attarder dans les bars : une femme mystérieuse - pute ou pas pute ? - attire plusieurs hommes de la ville dans ses filets, puis s'offre à leurs dépens des séances de torture raffinées avant de les achever.
Le soin de démêler les fils sanglants de cette série macabre échoit à Karl Kane, détective privé cabossé par la vie et hanté par un drame digne d'un fantasme de James Ellroy.

L'humour noir, très noir, mais cultivé de Sam Millar est de nouveau présent dans ce premier volet d'une trilogie policière pas comme les autres.

Né à Belfast en 1958, Sam Millar a fait de la prison en Irlande du Nord comme activiste politique, et aux Etats-Unis comme droit commun. De retour à Belfast où il vit toujours, il est devenu écrivain, auteur de deux romans noirs, Poussières tu seras et Redemption Factory (Rouge est le sang chez Points), et d'une autobiographie On the Brinks (Seuil, 2012).


Traduit de l'anglais par Patrick Raynal.


Les chiens de Belfast, Editions le Seuil, janvier 2014.

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