jeudi 25 février 2016

Corrosion - Jon Bassoff

L'eau-de-vie en abondance peut vous faire devenir corrosif.

"Corrosion" est le premier roman de Jon Bassoff qui fait une entrée fracassante au sein du roman noir.   

Autant vous avertir de suite, en plongeant votre nez dans les pages de ce bouquin vous en ressortirez en miette. Passez cet avertissement, nous pouvons continuer tranquillement la présentation de cette histoire, et vous parler de Joseph Downs. 

Vétéran d'Irak, il a servi dans le corps des Marines à Mossoul, et en est revenu le visage défiguré par une explosion qui ne laisse personne insensible. Parti pour rejoindre une vieille bicoque au cœur des montagnes, il se retrouve coincé dans un petit bled du nom de Stratton, après que son vieux pick-up l'ait lâché en cours de route. Obligé de le laisser en réparation, il séjourne un temps dans un motel miteux de la petite ville. Outre sa figure amochée, Joseph ne tarde pas à se faire remarquer en ratatinant la gueule d'un mari un peu trop violent avec sa femme qui finit au creux de ses bras et lui propose un deal : descendre son mari.

A ce stade de l'histoire, et même si Joseph finit par mettre à exécution le souhait de sa maîtresse, nous pouvons encore considérer ce roman noir comme classique, voire soft. En fait, pour réellement comprendre la folie qui s'en dégage, vous devez faire connaissance avec Benton Faulk.

Cet adolescent de seize ans vit à Silverville en compagnie de ses parents. Sa mère, gravement malade, se trouve alitée. Son père, s'est mis en tête de lui trouver un antidote, et pour ça, il a installé des centaines de rats dans leur cave. Refusant l'aide des docteurs, interdisant Benton d'aller voir sa mère, cette folie mènera la pauvre femme à finir en décomposition dans son lit. Son père interné à l'asile, le jeune adolescent est recueilli par un oncle et une tante qui voient leur neveu prendre une drôle de tournure, et notamment, persécuter une serveuse, Constance Durban, qui disparaîtra au cœur des montagnes !

Vous épargnant les détails, pour ne pas vous rebuter par avance, l'horreur prend donc toute son ampleur à travers Benton Faulk. Un être dérangé, marqué par le comportement de son géniteur, qui par amour, s'est lancé dans une folie sans retour. Répugnant, repoussant, déchirant, accablant ou encore pétrifiant, les adjectifs terrifiants ne manquent pas pour définir ce roman, qui par sa construction narrative n'en finira pas de vous surprendre, à vous en nouer l'estomac. Nul ne peut rester de marbre à sa lecture, nul ne peut être insensible, hormis peut-être les fous. Lisez-le, et attrapez un gros coup au cœur !
YB.   

Quatrième de couverture :

Un vétéran d’Irak au visage mutilé tombe en panne au milieu de nulle part et se dirige droit vers le premier bar. Peu après, un homme entre avec une femme, puis la passe à tabac. L’ancien soldat défiguré s’interpose, et ils repartent ensemble, elle et lui. C’était son idée, à elle. Comme de confier ensuite au vétéran le montant de l’assurance-vie de son mari qui la bat. Ce qu’elle n’avait pas réalisé, c’était qu’à partir de là, elle était déjà morte.

Traduit de l'anglais par Anatole Pons





Corrosion, Editions Gallmeister, janvier 2016.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire