mardi 25 août 2015

L'assassin qui est en moi - Jim Thompson

La vengeance est une folie qui se mange froide.

"L'assassin qui est en moi" est le quatrième roman de Jim Thompson, publié aux Etats-Unis en 1952 et perçu comme son chef d'oeuvre.

Lou Ford est shérif adjoint dans la petite ville de Central City, un patelin qu'il n'a jamais quitté. Connu de tous et apprécié, il mène paisiblement sa barque. Il vit seul dans la maison de son défunt père qui n'a pas supporté la mort accidentelle de son frère adoptif, Mike Dean. Lou rejette la faute de ce drame sur un dénommé Chester Conway, et compte bien le lui faire payer.

Outre cette idée de vengeance qu'il va mettre en oeuvre, Lou porte en lui de lourds secrets. Plus jeune, son frère Mike l'a sauvé de la maison de redressement en portant le chapeau dans une histoire de viol. Il faut dire que Lou ne porte pas les femmes dans son cœur, même si il entretient une idylle secrète avec une fille du pays, Amy Stanton.

Côtoyer Lou Ford, c'est côtoyer la folie, se perdre dans un monde incompréhensible pour les gens censés. Jim Thompson a réussi avec brio à plonger le lecteur dans l'esprit d'un fou, un rendu que nous ressentons comme réel, un texte plein de modernisme pour son époque. Outre cette irrationalité de Lou, Thompson a dépeint un pan de la société américaine des années 50, en mettant essentiellement en avant la corruption. Suivre Lou Ford, c'est suivre un damné porteur de son propre enfer, son insensibilité vous submergera en émotion. 
YB.

Quatrième de couverture :

Écrit à la première personne, le roman est le récit de la folie d'un homme, Lou Ford, adjoint du shérif. Une plongée glaçante dans sa schizophrénie. Une noire, froide et violente compagnie. Nous sommes au cœur de l'Amérique profonde, au milieu du Texas dans les années cinquante. Lou est un homme affable, serviable, qui fait son boulot de shérif du mieux qu'il peut. Il vit seul, mais n'en dédaigne pas pour autant les femmes : Amy, sa "promise", ou encore Joyce, une prostituée installée depuis peu aux abords de la ville. Très vite, nous allons être confrontés à la violence de Lou envers les femmes. À ces instants où il bascule dans la folie meurtrière. Mais le récit, quant à lui, reste d'une "froideur" absolue, aussi calme et posé que le personnage qu'il décrit. Glaçante est le qualificatif qui me semble le plus approprié pour décrire l'atmosphère de ce roman. Jim Thompson dissèque avec précision les mécanismes de la folie de Lou, ses origines. Il en profite également pour tirer quelques piques sur la société américaine, la corruption qui la gangrène. Traduit une première fois pour la Série Noire en 1966 par France-Marie Watkins sous le titre Le Démon dans ma Peau, The Killer Inside Me, le chef-d'oeuvre incontesté de Jim Thompson, fait peau neuve et retrouve son éclat originel grâce aux bons soins combinés des éditions Rivages et de Jean-Paul Gratias, à qui a été confiée cette nouvelle traduction.
Chacun sait qu'autour des années cinquante et soixante, la Série Noire de Marcel Duhamel s'est octroyée quelques libertés avec les textes qu'elle publiait, ajoutant par-ci par-là, lors de la traduction, des touches d'argot qui apportaient une couleur homogène à la collection, coupant par ailleurs quelques chapitres jugés trop longs, afin de se conformer aux deux cent cinquante pages maxi "obligatoires".

Traduit de l'anglais par Jean-Paul Gratias

L'assassin qui est en moi, Editions Payot & Rivages, octobre 2012.




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