mercredi 13 août 2014

Je suis le Libanais - Giancarlo de Cataldo

Roma uno die aedificata non est, Rome ne s'est pas faite en un jour...

"Je suis le Libanais" de Giancarlo de Cataldo se situe à l'aube de Romanzo criminale. Ce court roman est la construction criminelle du Libanais : un petit caïd de la rue qui par la suite deviendra l'un des pontes de la ville de Rome.

Le Libanais se trouve en prison pour trafic d'armes lorsqu'il sauve la vie de Ciro, le neveu d'un chef camorriste, Pasquale'o Miracolo. Dès lors, le Libanais entre dans ses petits papiers, et à sa sortie, il se voit proposer une importante affaire de drogue. Mais pour y participer il doit réunir trois cents millions de lire. Il s'engage alors dans une quête obsessionnelle de cet argent, car cette aubaine peut lui ouvrir les portes de son rêve le plus fou : celui de conquérir Rome !

De retour au bercail, le Libanais fête sa libération en compagnie de Dandy, l'Echalas et le Buffle. Le jeune caïd ne pipe aucun mot au sujet du business sur lequel il a été branché, souhaitant leur faire une surprise une fois la tune réunie. Mais trouver autant de pognon se révèle plus compliqué que prévu...

Un soir, au sortir d'une fête donnée par le Terrible, le Libanais va faire la connaissance de Giada. En compagnie d'un ami, elle est en mauvaise prise avec des videurs. Ces derniers vont se faire rosser de coups par le Libanais, rejoint ensuite par le Buffle. Cette rencontre inopportune sera salvatrice pour le Libanais, Giada étant une bourgeoise. Il va d'abord devenir son dealer, puis ensuite son amant. Grâce à elle, il va côtoyer du beau monde et des stratèges ne vont cesser de fleurir dans son esprit pour réunir les trois cents millions de lire nécessaires...

C'est un Libanais en quête de reconnaissance et de grandeur qui se dévoile à nous, prêt à croquer le monde à sa façon et ô combien intelligent. Sa relation avec Giada  est complètement paradoxale : elle est bourgeoise, lui est pauvre, elle est d'extrême gauche, lui est tendance Mussolini, elle rêve du grand soir, lui de contrôler Rome...
A travers ce couple, c'est la différence sociale mais aussi l'Italie des années de plomb qui nous sont définies. Une nation qui vit difficilement ensemble car tiraillée par des idéologies radicalement opposées.

On peut penser que l'auteur, magistrat de profession, a dû s'inspirer de certaines de ses affaires pour mettre en avant les actions entreprises par le Libanais et ses amis : des coups fumants, mal négociés et qui sont à la limite du risible, dignes de grands débutants.

Est-ce vraiment utile de revenir aux origines du Libanais ?  Pour ceux qui ont aimé Romanzo criminale, ils trouveront un petit plaisir à voir surgir des personnages comme le Dandy, l'Echallas, le Buffle, le Sec ou encore le Terrible. Mais ce livre, à l'allure d'une nouvelle, n'est pas une nécessité, on a l'impression de lire le premier chapitre manquant de Romanzo criminale, avec une verve différente. En revanche, pour ceux qui ne connaissent pas encore toute l'histoire, il peut être intéressant de commencer par Je suis le Libanais pour mieux se délecter de la suite... (voir ici)
YB.


Quatrième de couverture :

Aux origines de Romanzo Criminale, la naissance d'un chef de gang. Année 70. Dans la cour d'une prison un jeune de vingt-cinq ans sauve la vie d'un autre jeune, objet d'une tentative d'assassinat. La victime est le neveux d'un chef mafieux. Pour le sauveur, le Libanais, c'est le départ d'une fructueuse carrière criminelle. Le boss lui offre de participer à un trafic de drogue, pour cela, le Libanais va devoir trouver de l'argent. Dans sa quête de fonds, il va tomber amoureux d'une belle bourgeoise gauchiste, Giada, à la quelle il cache son buste de Mussolini qui orne son appartement. A la tête de sa bande de toujours, ce groupe d'enfants des rues avec lesquels il a grandi, il se lance dans un enlèvement. Situé, dans la chronologie romanesque, avant Romanzo criminale, ce bref et vigoureux récit permet à ces lecteurs de retrouver le Dandy, le Buffle et tous les autres personnages de la grande saga du crime à Rome. Le magistrat de Cataldo s'appuie sur une connaissance approfondie du roman vrai de la criminalité romaine, et grâce à ses talents de feuilletonistes hors pair, il en tire de la vrai littérature.

Traduit de l'Italien par Paola de Luca et Gizèle Toulouzan

Je suis le Libanais, Editions Métailie, mai 2014.

2 commentaires:

  1. j'avais lu un avis plus positif que le tiens. Mais je comprend ce que tu veux dire. Peut-être ta lecture récente de Romanzo criminale a joué. L'auteur a fait une suite à RC "la saison de massacres" moins pertinente à mon goût. je me laisserais néanmoins bien tenté par ce prologue !

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    1. Ce n'est pas une mauvaise lecture, mais on apprend rien de nouveau sur le Libanais, je pense que ce livre est plus appréciable quand on ne connait pas Romanzo Criminale. Néanmoins cela reste une lecture plaisante et quand on a aimé RC on se sent presque obligé de le lire !

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